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12 mai 2007 6 12 /05 /mai /2007 00:15

La dernière porte - Dean Koontz

Avant de changer de sujet, Geneva ajouta : Certes, il arrive parfois, rarement, mais une fois par extraordinaire, que notre vie change en mieux en l'espace d'un instant, c'est une grâce, presque un miracle en un sens. Quelque chose de puissant peut survenir, quelqu'un d'uniquer surgir, une prise de conscience inattendue advenir au point que cela suffit à nous orienter dans une nouvelle direction et à nous métamorphoser à jamais. Je donnerais tout ce que j'ai pour que ça t'arrive, ma chérie.

Je ne suis pas sûre de croire à l'enfer, répliqua la fillette avec la gravité de celle qui a accordé à la question des réflexions considérables pendant les heures solitaires de la nuit.

Mais bien sûr que si, ma petite chérie. A quoi ressemblerait le monde sans toilettes ?
Troublée par cette étrange question, Leilani regarda Micky pour obtenir un éclaircissement.
Cette dernière haussa les épaules.
Une vie après la mort sans enfer, expliqua tante Gen, serait comme un monde sans toilettes, pollué et insupportable.

Au cours de l'année écoulée, Micky avait consacré, la nuit, un grand nombre d'heures à l'introspection. Les circonstances où elle se trouvait lui accordant tout le temps nécessaire, elle ne pouvait éviter de jeter quelque lumière dans certains recoins de son coeur. Jusqu'alors, elle avait longtemps résisté à de telles explorations, par peur de découvrir peut-être une maison hantée au fond d'elle-même, occupée par tout et n'importe quoi, des simples fantômes aux croque-mitaines, avec des monstres d'une nature singulière tapis derrière les portes du grenier à la cave. Elle avait trouvé quelques monstres, soit, mais avait été bien plus dérangée en découvrant, dans le manoir de son âme, un très grand nombre de pièces sans meubles, poussièreuses et pas chauffées. Depuis son enfance, agressivité et entêtement l'avaient défendue de la cruauté de la vie. Elle s'était imaginée défendre seule le château, arpentant sans trève les remparts, en guerre contre le monde. Mais cet état constant de prépararation au combat avait maintenu à l'écart amis et ennemis et l'avait en fait empêchée d'éprouver la plénitude de l'existence, qui aurait rempli ces pièces vides de bons souvenirs pour compenser les mauvais dont les autres étaient encombrées.

Même si, visiblement, Burt lutte pour contenir une crise d'hilarité, le garçon sait maintenant que son rire ressemble à celui d'un clown secrètement mélancolique : authentique si on ne l'entend qu'avec ses oreilles, mais d'une tristesse sournoise pour peu qu'on l'écoute avec son coeur.

Même dans les moments les plus noirs, la lumière existe si l'on a la foi pour la voir. La peur est un poison que sécrète l'esprit, et le courage est son antidote stocké dans l'âme. L'infortune contient en germe le triomphe à venir. N'ont pas d'espoir ceux qui ne croient pas à l'intelligence du dessein de toutes choses, en revanche ceux qui trouvent du sens à chaque jour qui passe vivront dans la joie. En livrant bataille à un ennemi supérieur à soi, l'on découvre l'efficacité d'un coup de pied dans les parties. Ces maximes sagaces et d'innombrables autres sont tirées du "Grand Livre de Maman : Petits conseils à l'usage de la rue pour pourchassés et caméléons en puissance".

La mère du garçon disait souvent qu'une occasion manquée n'était pas qu'une chance perdue, mais une blessure pour son propre avenir. Si l'on rate trop d'occasions, l'on subit trop de blessures et l'on n'a plus d'avenir du tout.

On a tous nos plaies et nos bosses, soupira Wendy.
Nos quoi ?
Nos plaies et nos bosses. Nos ennuis. On les sert à certains sur une petite assiette, l'un après l'autre, on en sert une bonne ration sur de grandes assiettes à d'autres, mais votre pauvre chère soeur, on les lui a entassés sur un plateau.

Mais tous les problèmes du monde n'ont qu'une seule et même réponse, ajouta Wendy.
Quelle réponse ? demanda-t-il.
La crème glacée, bien sûr !

Il fallait du courage pour croire en la justice immanente du monde, en l'existence d'un sens, parce que cela impliquait d'être responsable de ses actes, et que chaque acte était un risque susceptible de déboucher sur une blessure.

Or, elle comprenait à présent que la raison de la présence de chaque être humain sur terre, c'était de donner de l'espoir, du bonheur, de l'amour aux autres. Aucun de nous ne peut jamais se sauver par lui-même, nous sommes les instruments de salut les uns des autres et c'est seulement par l'espoir donné à autrui que nous sortons des ténèbres et allons vers la lumière.

Il était devenu pour elle le démon incarné, et peut-être pas seulement pour elle et peut-être pas seulement dans un sens métaphorique. En réalité, au cours des tout derniers jours, une nouvelle perception du mal s'était ancrée en Micky : il lui semblait que le mal chez les hommes et les femmes n'était -ce qu'elle aurait farouchement nié autrefois- que le reflet d'un Mal plus grand et plus pur qui arpentait le monde et le travaillait de façon détourné et subtile.

Parfois communiquer est facile, parfois difficile et parfois encore se passe de mots.

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