"Tu prends la prochaine à droite, tu prends la prochaine à droite"
Je fais quoi moi maintenant ?
Ca fait déjà une demi-heure que je tourne en rond dans Tours, cherchant désespérément la sortie pour Amboise.
Mais encore faut-il arriver à sortir de ce labyrinthe.
Je me suis déjà arrêtée une fois pour demander ma route, le monsieur fort aimable m'a dit de tourner à droite à la prochaine, d'aller jusqu'au feu et là hop, la route pour Amboise terre promise serait là.
C'était il y a une demi-heure.
En plus, j'ai du partir trop tôt, il n'y a pas un chat dans les rues.
Ah si voilà une petite grand-mère dans son jardin.
"Madame, s'il vous plait, pourriez-vous m'indiquer la route pour Amboise ?"
"Ah ma pauvre demoiselle (oui à l'époque j'étais toute jeunette c'était ma première escapade en voiture toute seule), je n'ai pas de voiture, je ne bouge pas souvent de chez moi. Je suis vraiment désolée de ne pas pouvoir vous aider".
"Ca ne fait rien, merci quand même".
Et alors que j'allais redémarrer, voilà que ma petite grand-mère (qui soit dit entre parenthèses me rappelle furieusement mon arrière grand-mère) pousse une exclamation et se rue sur la chaussée, c'est tout juste si elle ne ceint pas le bandeau des kamikases.
Damned, que fait-elle ?
Pas compliqué, elle se met en travers de la rue et arrête une voiture qui arrivait.
Le conducteur pile et très calme (alors qu'on aurait pu être en droit de s'attendre à ce qu'il braille des insultes), ouvre sa vitre et interroge ma grand-mère casse-cou.
"Bonjour, madame, que puis-je pour vous ?"
Je nage en plein délire là ???
"Eh bien voilà Monsieur, la p'tite dame là cherche la route pour Amboise, pourriez-vous lui dire comment faire ?"
"Mais, pas de problème. Suivez-moi, Mademoiselle, je vous conduit à l'embranchement".
Je me confonds en remerciements auprès de mes deux sauveurs, sidérée, mais heureuse de voir qu'il existe des personnes prêtes à aider les damoiselles en détresse.
Et en effet, deux minutes plus tard, le conducteur m'indique une route surmontée du panneau tant convoité "Amboise - 25 kilomètres".
Bon, d'accord, je n'aurais pas le temps de visiter le Clos Lucé, mais ma petite aventure m'a mise de bonne humeur et je me dis que Tourangelles et Tourangeaux savent ce qu'hospitalité veut dire.
Cette mésaventure m'est donc vraiment arrivée lors de vacances que je passais dans les Pays de la Loire, il y a un peu plus de 25 ans.