Alors là ne me demandez pas où Jill Bill a bien pu trouver ce bizarre prénom pour sa Cour de récré !
Le grand-père de Pernelle, Urbain, vigneron de son état aimerait se diversifier et produire un petit kirsch de derrière les fagots qui viendrait donner un petit coup d'éclat à certains plats et pâtisseries.
Il lui faut pour cela un beau cerisier. Bon d'accord, un seul cerisier ça ne va pas faire beaucoup d'eau-de-vie, mais ce qui est rare est précieux. Et puis, il sait qu'il peut compter sur les Bigorbourgeois propriétaires d'arbres similaires pour lui fournir ce qu'ils ne pourront pas consommer (A Bigorbourg, pas de gâchis !)
Il contemple donc avec intérêt son cerisier, guettant l'apparition des fleurs puis des fruits.
Seulement voilà, il y a un léger problème.
Un léger problème ailé pour tout dire, les merles et autres volatiles lorgnent avec autant d'intérêt que lui les beaux fruits qui se préparent à mûrir.
Urbain est un brave homme, il n'a pas spécialement envie de faire peur à la gent ailée, alors comment faire pour conserver suffisamment de cerises pour mener son projet à bien et régaler les gourmands ?
Très ami avec Faustine, la Dame Nature de Bigorbourg, il lui fait part de ses craintes.
Celle-ci réfléchit un moment puis le rassure, elle va lui donner un coup de main.
Faustine est, en quelque sorte, la tutrice de ces amusantes petites créatures que sont les papillanges et elle sait que, s'ils aiment s'amuser, ils apprécient aussi de rendre service et elle connaît justement une petite demoiselle qui sera ravie d'aider Urbain en échange d'une ou deux friandises.
La petite créature, toute de rouge vêtue, s'appelle Emerise et elle est née, devinez ? Non, pas dans un cerisier, c'est trop domestique, mais dans un beau merisier qui pousse près d'Irénée le roi de la forêt.
Faustine convoque donc Emerise et lui confie une mission de confiance.
Avec l'appui aérien de Vermeil, son rouge-gorge, elle va devoir expliquer aux oiseaux que ce serait sympa de leur part de laisser à Urbain de quoi faire une belle récolte de cerises.
D'ailleurs, Urbain qui est quand même un vieux monsieur, préfère ne pas s'aventurer trop haut sur son échelle même si elle a été sécurisée par Jacob, et il est tout-à-fait d'accord pour laisser une petite part du butin aux oiseaux.
Et je peux vous dire qu'Emerise perchée sur Vermeil est particulièrement efficace et pas seulement chez Urbain.
A la grande joie des Bigorbourgeois, qui ont souvent un peu de mal à voir la couleur de leurs cerises, cette année, les petits goinfres ailés se contentent des cerises cachées dans les recoins inaccessibles ou perchées tout en haut des arbres.
Une fois le
plein de confitures, tartes, clafoutis, fait, ils peuvent encore fournir à Urbain de quoi se lancer dans son grand projet, assurés qu'il ne manquera pas de leur donner une
petite bouteille du précieux nectar.
Et la jolie Emerise fait une surprise supplémentaire à son ami Urbain. Le dernier jour de la récolte, tous les oiseaux se réunissent et sous la houlette de leur bergère, chacun d'entre eux dépose devant Urbain, une belle merise cueillie sur l'arbre de naissance de la Papillange.
Inutile de dire que cette touche finale va donner au kirsch d'Urbain une saveur incomparable impossible à trouver ailleurs que dans notre petit bourg !