Comme tous les ans, Tante Yvonne nous avait invité mes parents, ma grand-mère et moi à son traditionnel repas de vacances. Elle tenait un hôtel, alors inutile de dire que c'était une excellente cuisinière.
Lorsque nous arrivions le matin, j'avais systématiquement droit à un cône glacé qu'elle appelait un kim cône, le mot king ayant du mal à passer en chti.
Je reconnais bien humblement que pour ce plaisir j'abdiquais tout amour propre et acceptais baisers mouillés et piquants.
On peut dire que c'était mon apéritif.
Pendant que "les grands" discutaient et cancanaient entre eux, j'allais admirer les énormes carpes qui ondulaient dans le bassin près de l'hôtel.
Rassurez-vous elles ne faisaient pas partie du menu.
Ce jour là, Tante Yvonne nous avait préparé un lapin chasseur. La bête baignait dans une épaisse sauce rouge. Très fièrement ma grand-tante, toute pimpante dans son beau chemisier blanc, apporta le plat à table.
Seulement voilà, il faut vous préciser que Tante Yvonne (à la différence de la tante Yvonne du Général) était de constitution, comme dire, voyons disons solide, bien rembourrée partout où il le fallait.
Allez savoir ce qui se passa, peut-être le lapin du haut de son paradis voulut-il se venger de sa meurtrière, en tout cas, Tante Yvonne pour mieux faire admirer son plat se redressa, rejetant les épaules en arrière et ce que personne n'avait prévu arriva.
Elle trébucha légèrement et pour garder l'équilibre dû abandonner sa posture hiératique et les lois de la pesanteur jouèrent contre elle, son opulente poitrine plongeât la tête la première, si je puis dire, dans la belle sauce rouge, entraînant avec elle non seulement la perdition du beau corsage blanc, mais aussi le sérieux des convives.
Toute la famille fut prise d'un homérique fou rire. Ma tante, bonne joueuse, rit avec nous et après avoir changé de chemisier, elle revint déguster avec nous ce merveilleux lapin chasseur.
Inutile de dire que depuis, dès que quelqu'un me sert un lapin ou un poulet chasseur, il se demande bien pourquoi je suis pliée de rire !
Meurs avec moi - Elena Forbes
Résumé Decitre : Londres. Jeune
homme cherche adolescentes fragiles pour commettre à deux un suicide romantique... Sur le Net, derrière son écran, un tueur en série machiavélique manipule ses proies pour mieux les piéger. Une
enquête sinistre et terrifiante pour l'inspecteur Mark Tartaglia et sa coéquipière Sam Donovan. Comparée en Angleterre à Ruth Rendell et à Val McDermid, Elena Forbes apporte à la tradition du
roman noir anglais une nouvelle voix, extrêmement contemporaine et prometteuse.
Mon avis : Bon difficile à comparer avec Val McDermid quand même. Mais c'est un roman bien mené. Mark et Sam ont bien du mal à mener leur enquête parce que leur supérieur leur met dans les pattes une inspectrice chef avec laquelle le courant passe mal et surtout un profileur parfaitement nul et imbu de lui-même, d'ailleurs on lui mettrait des baffes par plaisir à celui-là. Viennent aussi interférer d'autres affaires dont on finit par ne plus savoir si elles ont un lien ou non avec l'histoire tragique de ces jeunes adolescentes fragiles. C'est prometteur effectivement mais pas encore réellement terrifiant comme ce que "les reines du crime" sont capables de nous infliger (pour notre plus grand plaisir)
Ce matin, c'est branle-bas de combat chez Monsieur Lazare.
Casimir, son pseudo chien, ne tient pas en place.
Lui qui d'habitude attend sagement, en en renversant qu'une ou deux chaises juste histoire de rappeler qu'il existe, l'heure du lever de son maître adoré, ne tient pas en place. Il aboie comme un fou, rebondit dans tous les coins tel un ludion diabolique, monte sur le lit et piétine le ventre de Monsieur Lazare qui, abasourdi par l'attitude de son canin, finit par se lever en maugréant.
Qu'est ce qui peut énerver ainsi Casimir ? Même le chat Paterne et sa copine Belle Aggie ne l'on jamais mis dans un état pareil !
Monsieur Lazare s'étire, chausse lunettes et pantoufles et emboîte le pas à un Casimir heureux d'avoir enfin été compris par son deux pattes.
Il se rue dans l'escalier, dérapant des quatre fers sur les marches, et se met à geindre devant la porte.
"Quoi !" s'exclame Monsieur Lazare furibond "tu me réveilles pour ça ? Tu ne pouvais pas te retenir encore cinq minutes ?"
Il ouvre la porte et laisse sortir Casimir qui se rue dehors et continue à gémir tout doucement.
C'est bien la première fois qu'il réagit ainsi, serait-il malade ?
Monsieur Lazare, inquiet, sort pour observer son chien et reste pantois devant le spectacle.
Là devant lui, nichée au creux d'un parterre de fleurs, il trouve roulée en boule une jeune biche au pelage maculé de sang à l'épaule.
Il s'approche tout doucement pour ne pas l'effrayer. Celle-ci lève sur lui de grands yeux pleins de souffrance, d'espoir et de confiance.
Bien sûr, Monsieur Lazare fond !
Il se précipite dans la maison, récupère de l'eau, sa sacoche de médecin, des linges propres et retourne près de la blessée.
Alertée, elle aussi par les chats du presbytère, Pélagie arrive pour donner un coup de main.
A eux deux, ils ont tôt fait de nettoyer la plaie et de la soigner.
La biche surveillée de près par Paterne, Belle Aggie et Casimir (ayant mis de côté leurs menus différends pour le moment) qui chacun dans sa langue la rassure, se tient tranquille et attend placidement que les deux pattes terminent leur travail.
Averti on ne sait comment, enfin si probablement par un dessin, le jeune compagnon de Venceslas amène de quoi manger à la blessée.
Bientôt, très courroucé, déboule Fulbert le garde-chasse qui déteste qu'on vienne braconner sur ses terres, enfin celles de la commune, mais c'est tout comme et qui promet à la rescapée de dire deux mots à celui qui a osé lui tirer dessus.
Tandis que la jeune biche se remet tout doucement de ses émotions, les habitants viennent aider Monsieur Lazare à transformer la cabane de jardin en refuge pour... pour qui d'ailleurs ? Pour Fleur bien sûr puisque c'est ainsi que Monsieur Lazare a décidé de prénommer sa nouvelle protégée.
A la messe de dimanche, Père Paterne dans son sermon rappelle avec force et conviction à ses ouailles que s'il en croise un avec un fusil à la main, il se fera un plaisir de lui botter les fesses, approuvé en cela par Fulbert près à être la main, enfin le pied de la justice.
Et depuis Fleur déambule régulièrement dans le bourg souvent accompagnée de Venceslas qui ne reste pas insensible à ses doux yeux de biche bien sûr !
La semaine prochaine je vous ferai faire connaissance avec Anthelme et la semaine suivant puisqu'il y a relâche avec les prénoms de Bigornette, je vous raconterai l'histoire vraie de Fleur.