Aujourd'hui, c'est Benoîte qui pointe son
nez pour Jill Bill et sa cour de récré.
A Bigorbourg, comme partout
ailleurs les adolescents (et certains adultes aussi d'ailleurs) se posent de multiples questions, questions qu'au grand jamais ils n'oseront poser à qui que ce soit.
Mais ces questions, parfois,
en viennent à les étouffer. Ce n'est pas parce que nous sommes à Bigorbourg que tout est toujours rose.
Alors que faire ?
C'est là qu'intervient
Benoîte.
Benoîte fait partie de la
grande famille des papillanges et après les exemples de Janvier et de Daisy, elle a décidé qu'elle aussi donnerait un petit coup de main aux Bigorbourgeois.
Elle se promenait donc en
forêt lorsqu'elle entendit notre amie Léonce soupirer. Intéressée Benoîte la suivit, peut-être allait-elle trouver le moyen de l'aider.
Elle tendit donc l'oreille et
elle entendit la jeune fille se poser des questions et essayer d'y répondre. Malheureusement ses réponses n'avaient pas l'air de la satisfaire pleinement, ou pour être plus exacte, elle
n'arrivait pas bien à épingler cette sacrée réponse qui voletait. Cela a déjà dû vous arriver, je pense, vous savez, ce petit truc qui s'amuse à jouer à cache-cache dans votre esprit, ce
mot sur la langue qui ne veut pas sortir.
Eh bien, Léonce était
confrontée à ce problème. Une vilaine réponse se cachait et ne voulait pas montrer son nez. Et pour être juste, Léonce se disait que si elle arrivait à l'attraper, jamais elle n'oserait la
formuler sans se sentir gênée Je suis bien sûre que ça aussi, ça vous est arrivé. Avoir une réponse et ne pas oser l’accepter.
Voilà, Benoîte sentait bien
qu'elle venait de trouver le moyen de mettre son petit grain de sel à Bigorbourg. Il ne restait plus qu'à finaliser l'opération.
Elle se mit à tourner autour
de Léonce, un peu comme la petite lumière de l'idée qui jaillit au-dessus de la tête dans les BD.
Léonce freina des deux pieds
et rentra chez elle toute affaire cessante.
Elle attrapa un cahier, un
stylo-plume et se mit à déverser fébrilement sur le papier toutes les questions qui l'encombrait.
"Cher Journal, …"
Oui, le Cher Journal de nos
jeunes années ! Mais à la différence de ceux qui ne sont qu'à moitié sincères ou qui sont enjolivés, Benoîte était là pour inciter Léonce à se laisser complètement aller, et par la même occasion
assise sur son épaule, elle lui soufflait les bonnes réponses, celles qui allaient l'aider à retrouver la sérénité.
Bien me direz-vous, un
journal c'est somme toute assez banal. Certes, mais dans ce cas bien particulier, sans trop savoir pourquoi Léonce osait écrire tout ce qu'elle avait sur le cœur parce qu'elle était sûre que
personne ne lirait ses interrogations. Pourquoi en était-elle sûre ? Parce que la charmante Benoîte le lui avait murmuré à l'oreille et que grâce à sa magie, quiconque tomberait sur ce
journal n'y verrait que des pages blanches.
Très satisfaite de son
premier essai, Benoîte s'empressa d'aller prospecter d'autres "clients". Elle a
d'ailleurs tellement de succès
qu'elle a recruté quelques papillanges pour lui donner un coup de main. A certaines heures, le travail ne manque pas ! Et il y a même certains papillanges spécialisés dans l’escamotage des
journaux virtuels.
J’ai utilisé le mot benoîte dans le sens
de sereine (c’est mon vieux Petit Larousse qui le dit).