Pour l'Arbre à Mots peut-être un nouvel univers à explorer.
Sous son soleil noir et ses lunes d'or pale, la planète Noctalie roule dans l'espace.
Là-bas c'est toujours le crépuscule éclairé simplement par la clarté évanescente des lunes qui traversent son ciel, toujours pleines et rondes.
Crépuscule rayé par le rougeoiement des chaînes de volcans qui quadrille la terre ou émergent des océans. Traits de lumière flamboyants qui rayent l'atmosphère et révèlent le temps d'un clignement d'œil, la vie qui grouille.
Dans les plaines les créatures qui peuplent notre inconscient ont construit des villes vertigineuses, des palais à la sombre beauté dressent leurs tours telles des pointes labourant le ciel et déchirant les nuages bleus outremer, ils plongent dans les profondeurs de la terre fouissant dans la terre noire et nourricière. Ici vivent anges, diables, vampires, croquemitaines, fantômes, sorcières et sorciers, magiciennes et magiciens, dieux antiques. Ils fabriquent les rêves prémonitoires ou les cauchemars qui peuplent nos nuits, ils concoctent les fantasmes meurtriers de certains, les élans de bravoure d'autres. Ils se nourrissent de nos peurs ou de notre courage.
Les forêts ombreuses qui ceignent les villes, accueillent en leur sein les créatures chassées depuis des temps immémoriaux de notre planète. S'y cachent licornes, basilics, sasquatchs, chimères, loups-garous, pégases, dinosaures, feux-follets, pixies, korrigans. Eux aussi participent à nourrir notre imagination et la foi des enfants et de certains illuminés en leur existence leur donne vie et force.
Au flan des volcans, les nuées de dragons rugissent faisant écho à nos pulsions, nous entraînant au-delà de nos limites, au-delà de nos inhibitions, libérant la sauvagerie, le désir de liberté qui dorment en nous. A grands coups d'ailes ils parcourent la planète accompagnés de ptérodactyles et de chevaux volants. Les sorcières les rejoignent pour des sabbats échevelés.
Dans les mers toujours en proie aux tempêtes rageuses, les vagues se dressent gigantesques, rutilantes d'argent. L'écume et les embruns s'envolent fouettant les plages de galets, érodant des falaises qui sans cesse reprennent de la hauteur, se reconstituant des pierres qui ricochent lancées par la folie furieuse de l'eau. Dans les ondes, les léviathans, les serpents de mer, les calmars géants, les krakens, s'entrelacent dans des danses farouches en l'honneur des déesses mères.
Dans les montagnes les yétis, les trolls et les banshees précipitent sur le monde des avalanches dévoreuses à la douceur mortifère.
Sur Noctalie se côtoient beauté et laideur, paix et férocité. Noctalie réceptacle de la fureur, de la fougue, de l'ardeur, de l'abnégation et de l'impétuosité de sa planète jumelle la Terre qui dans sa course en avant se rue vers sa fin ou peut-être sa rédemption si ses habitants se décident à faire corps avec leurs sentiments et leur passé.