A la manière de Queneau et de ses exercices de style sur un texte de Danny Laferrière que voici :
"On se couchait sur les rails pour se relever au moment du passage du train. On pariait sur celui qui se retirait en dernier. Mon ami gagnait à chaque fois. Un jour, je lui ai demandé son secret. Je ferme les yeux, me dit-il et je m'imagine en train de faire l'amour avec Juliette. C'est vrai que Juliette nous rendait tous fous à l'époque. Je le comprends de vouloir rester avec elle. Je ne me serais pas relevé à temps. Je le retrouve cloué sur un fauteuil roulant. Il n'arrive plus à bouger ses jambes. J'ai tout de suite pensé que le désir avait eu raison de sa peur."
Et voila mes deux propositions :
Lettre administrative
Monsieur le Proviseur,
J’ai l’honneur de vous faire savoir que des garnements de votre école s’amusent à se coucher sur nos rails pour ne se relever qu’au moment du passage de nos trains.
Un jeune homme a l’air particulièrement doué à ce petit jeu. Je ne sais à quoi il peut bien penser lorsqu’il ferme les yeux, mais il a semblé à notre oeil scandalisé que ses rêveries devaient prendre un tour obscène. Vos autres chenapans n’ont manifestement pas les mêmes fantasmes !
C’est pourquoi, je tiens à vous faire savoir que ma compagnie décline absolument et
fermement toute responsabilité concernant le fâcheux incident qui oblige maintenant ce jeune homme à se déplacer en fauteuil roulant et je lui conseille de s’adresser à la jeune personne qui le
captivait autant pour s'occuper de lui maintenant.
Je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Proviseur, toute l’expression de ma sincère compassion pour votre rôle ingrat d’éducateur.
Faits divers.
Terrible accident sur la voie de chemin de fer.
Une bande de jeunes s’était donné comme défi de rester le plus longtemps possible couchés sur les rails.
L’un d’entre ne s’est malheureusement pas relevé assez vite. Il est désormais condamné à rester dans un fauteuil roulant.
Il nous a déclaré « Je ne regrette rien, maintenant Juliette sait combien je tiens à elle »
Voilà une déclaration d’amour qui a coûté cher à son auteur.