Pour Lajémy je dirais aujourd'hui "Ah les joies du camping".
Tout a commencé (non pas par un raccourci que jamais nous ne trouvâmes, ça c’est David Vincent) par un été où la maison familiale de mon père avait été réquisitionnée par mon oncle, ma tante et mes cousins qui avaient changé leur date de vacances et comme ils étaient plus nombreux que nous trois, ils ont eut la préséance. Mon père tenant absolument à passer son mois de vacances dans ch’Nord (le Pas de Calais en réalité), ne fit ni une, ni deux, il acheta une tente d’un beau bleu, tout confort (avec cuisine, salon et chambre) une Maréchal il me semble et tout le matériel qui allait avec.
Après ses premières vacances sous la tente (je devais avoir moins d’une dizaine d’années à l’époque), il trouva bête que ma mère, ma grand-mère maternelle et moi-même ne profitions pas de la-dite tente pendant l’autre mois de vacances où il devait travailler.
Or donc, nous nous retrouvâmes tous les mois de juillet en camping. Je ne vous raconte pas le montage de la tente, c’était du sport et du grand art, parce que faire correspondre entre eux les piquets, les montants métalliques et la toile de tente plus la tente chambre intérieure, ben c’était du sport. Inutile de dire que ma grand-mère et moi-même évitions de nous mêler de l’affaire.
Deux histoires me reviennent tout particulièrement en mémoire.
La première : je venais de terminer mon année de 6ème et nous étions partis laissant derrière nous un jeune voisin au teint bizarrement rouge. Las, il avait la rougeole le bougre (à l’époque le vaccin ROR n’existait pas ou était peu pratiqué) et donc cet affreux chameau que je ne pouvais pas supporter n’avait rien trouvé de mieux que de me filer sournoisement sa maladie. A peine installées, je commençai à me sentir mal, chaud, froid, nausées, puis apparition de rougeurs très, très suspectes. Je suppose qu’un médecin est venu m’examiner mais j’étais tellement dans le cirage que ne me souviens que des tremblements de froid incoercibles qui me tenaient recroquevillée sur mon lit de camp enroulée dans tous les duvets qui me tombaient sous la main alors qu’il devait bien faire une trentaine de degrés sous la tente. Mais le pire, étaient les infâmes tisanes à la queue de cerise que mère et grand-mère s’entêtaient à me faire avaler à mon grand dam. Bref, il me fallu une semaine pour émerger et profiter des vacances. Nos voisins furent un peu étonnés de voir brusquement apparaître une gamine toute blanche venue de nulle part !
La deuxième : en fait, l’aventure se reproduisit à plusieurs reprises. Le camping c’est bien mais quand la tempête se lève au bord de la mer (notamment en bord de Manche), ben faut s’accrocher et je ne parle pas au sens figuré, mais bien littéral du terme. Lorsque le vent arrivait en rafale, il essayait de se glisser dans la tente pour arracher piquets et poteaux. Ma mère et ma grand-mère ont ainsi passé quelques nuits difficiles cramponnées aux piquets centraux pour empêcher la tente de s’envoler. Et moi pendant ce temps-là ? Eh bien je dormais comme une bienheureuse, les éléments déchaînés ont sur moi un effet calmant. Je me réveillais donc le lendemain matin fraîche comme une rose mais parfois assez curieusement j’avais changé de côté du lit, lorsque l’arrière de la tente se soulevait, que la pluie mouillait la chambre, dans un état second je prenais mon oreiller, changeais de place et je me rendormais aussi sec (enfin façon de parler). J’étais toujours étonnée le lendemain matin de voir mes mère et grand-mère réduites à l’état de zombis et de voir les tentes voisines par terre.